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    Des arabesques boréales volent
    Dans les flots ombrés de ma mémoire

    Jeune sentinelle au parvis des labours
    Je n’ai sans doute pas dix ans
    Je fixe l’horizon

    Le monde n’existe pas
    Au-delà des lignes abstruses
    De tout ce qui émaille l’esprit

    Même les yeux du ciel
    La nuit
    Ne portent pas d’écho

    Que vais-je devenir
    Enfant de la plèbe
    Sans une once de nature

    La banalité des jours
    Épuise l’attente enfouie elle aussi
    Dans la pâleur inerte des grâces bucoliques

    Autour de moi palpite
    La fresque errante des plaines brunes
    Ourlée d’indolence d’innocence et de peu

    Les arbres eux-mêmes sont indécis
    Assoupis
    Sous le murmure nu des restes de parure

    Bientôt

    L’étain du ciel froissera son austère livrée
    Des griffures bleuies jailliront des écluses
    Et le frimas des ombres au diapason d’encre
    Voilera l’horizon d’écumes cendrées

    Parfois

    Le solfège des frondaisons
    Sous la ronde du vent
    Dilate la nuit mosaïque

    Quelque chose se meut
    Un reflet
    Une aube

    Un destin

    Enfle le cœur de la canopée rouille de brumaire
    Fixe sous les arcades de l’errance
    La prière de l’humble

    Attend

    Et sombre en grège filandreuse
    Dans le cœur bouleversé
    Du sceau des souvenirs


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    Maraudeur de l’espoir
    Le matin erre entre les voiles de brume
    Où discourent les heures bleues
    Dans ce qui n’est pas encore tout à fait une aube bise

    Des spectres fatigués s’ébrouent sous la masure gémissante
    Du reste de la nuit
    L’encrier suspendu verse ses dernières fugues
    Sur les frises figées de la terre roide

    Bientôt le noir lacté étire sa fraîcheur
    Sous l’allure ondoyante des pas de l’aurore
    Le cuivre se répand caresse et tisonne
    Et du ciel octobral jaillit le chant du jour

     


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    La torpeur de l’hiver règne sur la lande
    Vibre d’éclat dans le maintien mouvant
    Des échos que des comptines bleues happent

    Et pépient de trouées blanches

    Comme une soie de drège
    Où s’adosse le temps

    Des formes onduleuses de fredons hypnotisent
    Le jour fardé dans sa transe impassible

    Le soleil morgue la terre
    De sa noblesse haute qui converse
    Et danse
    En vain

    Le ciel se répand dans le chatoiement des brumes
    Quelques secondes perlent des ramures endormies
    Mais rien rien ne bouleverse encore

    Les grâces du sensible

    Que des harpes secrètes entonnent ineffables
    Sous le sari lacté des sylves étendues

    Les chants de neige s’écoutent en silence


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    Des larmes crissent sur les visages en souffrance
    Ceux des Veilleurs pailletés de givre cristallin
    Mémoires des voiles d’amnésie
    Que les hommes répandent sur les tourbeuses sentes
    Au pied de leurs regrets

    Vous dont les frimas martèlent les arches de vigie
    Sur le fronton fougueux des rousses farandoles
    Feulent toujours vaillants
    Vos rameaux désarmés
    Du leste froissé des robes chaudes
    Où se glissaient naguère les brises facétieuses
    Jaillies des combes pleines aux velours d’émeraude

    Bientôt
    L’hermine de l’hiver
    Aux cadences drues qui scintillent d’éclat
    Versera ses fleurons de lumière cristalline
    Sur les croquis muets de pâles frénésies
    Que vos ombres figurent déjà
    Dans le feulement sourd de vos râles évanouis

    Alors
    Suinteront de vos rêves  
    Des brumes bleues aux orbes d’écume

    Les arbres aux cils de glace
    Souvent
    Pleurent seuls sans la nuit

    Les générations passent et les arbres demeurent (Thomas Browne)


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    Comme des grâces de charité
    Parfois
    Les bois se lamentent de torpeur

    Dans le souffle plaintif de leurs rouges ramures
    Ils traînent aux pieds leur sourde fixité

    Le bruissement du monde pavoise de leur cime
    Où germine le chœur de quelque mélodie

    Les marteaux du ciel frappent encore
    Au loin des parfums cendreux éperonnent le jour


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    L’élégance des arbres
    Drapés dans leur hagiographie de bure
    Prophétise ses fièvres
    Sous l’ardoise pailletée de cristal

    J’écoute les homélies du soir
    Serties de quelque bise folle
    Sous le vitrail rouge
    Des cathédrales d’incendie

    La voix blanche du reste des feuillus
    Saturés de lune
    Sinue sous l’onction céleste
    Et résonne le chant de la nuit

    Sur le glacis bleuté du sol endolori
    Hoquète le sillage brumeux
    D’un souffle tu
    Saisi par le poids de l’hiver

    Enfant déjà
    Je perdais les heures
    Dans ces labyrinthes
    Aux tumescences belles

    J’écoutais
    Les orgues du soir
    Battre leurs ailes de nacre
    Sur les cimes infinies

    Je colligeais les sons
    Dans ma musette fauve
    Sans savoir qu’un jour
    Ils porteraient ma voix


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    La lisière de la nuit
    Ourle sa moiteur de brume
    Comme des guipures subtiles
    Où crépitent les chansons assoupies
    D’étranges reliefs qui dansent
    Dans le retrait des solitudes

    C’est l’heure où feulent impavides
    Les nonchalances moirées
    Des essences de cuivre
    Que tamisent encore un peu
    Une pâle lueur venue d’au-delà

    Le hiatus obstrué d’une demi-lune triste
    S’éveille
    Les herbages célestes roulent
    Dans le raffinement du modelé soyeux
    Du cortège des ombres

    La nuit étire sa splendeur
    Incurve
    Les heures blêmes du jour
    Dans sa danse spectrale

     


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